Assises de Namur : “Alix Verbruggen n’était pas conscient de ce qui allait se passer”, selon son avocat, Me Bouchat
“Alix Verbruggen n’était pas animé de l’intention de donner la mort, il n’était pas conscient de ce qui allait se passer. Il n’avait pas la volonté de s’associer à la commission de l’homicide.”
- Publié le 23-04-2024 à 14h04
- Mis à jour le 23-04-2024 à 15h28
La plaidoirie de Me Bouchat, avocat d’Alix Verbruggen, est intervenue mardi en fin de matinée, dans le cadre du procès en assises de Gaëtan Legros et d’Alix Verbruggen, qui doivent répondre de l’assassinat de Nico Becker et d’incendie volontaire.
Le corps de Nico Becker a été retrouvé dans sa camionnette, qui avait été incendiée, le 8 août 2022 à Lonzée. Gaëtan Legros, tenancier d’une friterie de la région a reconnu avoir tiré à 2 reprises sur la victime, qu’il accusait de vouloir le racketter. Il a été aidé par Alix Verbruggen pour évacuer le corps. Tous deux nient avoir prémédité la mort de Becker.
L’avocat a commencé sa plaidoirie en abordant la personnalité de son client. “Comment comprendre qu’Alix Verbruggen, un garçon présenté comme gentil, serviable, fidèle, loyal, affectueux, soit impliqué dans de tels faits ? Tous ceux qui le connaissent ne comprennent pas, cela ne correspond pas à sa personnalité. Il n’a pas pu se transformer en meurtrier en quelques minutes.”
Des déclarations changeantes
Si Verbruggen a d’abord avoué que la mort de Nico Becker avait été préméditée, ses déclarations ont évolué et l’accusé a finalement affirmé que rien n’était prévu. “Il a changé de version car il a changé d’avocat”, ont déclaré les conseils des parties civiles lundi. “Ma question est de savoir où est la vérité. A-t-il accepté le rôle d’appât, à un point tel qu’une culpabilité puisse être retenue à son encontre ? Dans sa première audition, Legros n’implique pas Verbruggen”, estime Me Bouchat
”Lors de son audition, Alix Verbruggen était déstabilisé. Cette audition n’avait rien de spontané, il a été confronté aux éléments qu’avaient déjà les enquêteurs. Il avait été violenté par les policiers qui ont interpellé Legros, la veille. Ses lunettes avaient été brisées, il ne voyait pas à qui il parlait.”
Quand les enquêteurs lui demandent d’où Legros a tiré, Alix Verbruggen suppose que c’était depuis le premier étage. “Si le plan avait été échafaudé, n’aurait-il pas été mis au courant de la provenance du tir ?”, questionne Me Bouchat. Interrogé au sujet des tirs de Legros, Alix Verbruggen déclare qu’il ne pensait pas qu’il le ferait, mais aussi qu’il avait peur d’être abattu, ayant été témoin de la scène. “Alix Verbruggen ne s’attendait pas à ce coup de feu, il était sous le choc. Il a déclaré qu’il ne savait pas pourquoi Nico Becker venait, même s’il émet l’hypothèse que c’était pour prendre la caisse. Quand on lui demande pourquoi Legros lui avait demandé d’aller jouer à la pétanque, Verbruggen dit qu’il suppose que c’était pour donner une fenêtre de tir à Legros. Il déclare que s’il n’avait pas été là, Gaëtan aurait tout de même tiré.” Pour l’avocat, toutes ces suppositions et incertitudes sont la preuve que les faits n’ont pas été prémédités. “Il a toujours dit qu’il n’imaginait pas qu’il soit possible que Gaëtan Legros tire.”
Me Bouchat rappelle les propos de son client : “Oui j’ai aidé à mettre le cadavre dans la camionnette, c’est tout. Je ne suis pas un assassin.”
Me Sine, avocat qui a assisté l’accusé lors de sa première audition déclarait au terme de celle-ci : “Ce n’est pas parce qu’il a été informé du projet criminel de Legros qu’Alix Verbruggen y a participé. Il n’a pas pris au sérieux les propos de Legros.”
”Au mauvais endroit au mauvais moment”
”Je n’ai rien fait, j’étais au mauvais endroit au mauvais moment”, a déclaré Alix Verbruggen au psychologue qui l’a entendu, à qui il a aussi dit s’être senti impuissant lors de la scène qui fut fatale à Nico Becker. “J’ai fait ce qu’il m’a dit puis j’ai paniqué, je ne suis pas coupable”, a aussi déclaré l’accusé.
Pour Me Bouchat, si la préméditation devait être envisagée pour les deux accusés pour le premier tir, elle ne peut être retenue pour Verbruggen pour le second tir, celui-ci étant l’œuvre de Legros uniquement, alors que Nico Becker était déjà au sol.
L’avocat d’Alix Verbruggen ne conçoit pas que les deux accusés aient pu envisager d’assassiner Nico Becker en plein jour, à l’arrière de l’immeuble qu’ils occupaient, qui est entouré d’habitations. “Comment pouvaient-ils savoir que Nico Becker se présenterait en voiture à l’arrière de la friterie, condition indispensable pour qu’il y soit abattu par Legros ? Comment auraient-ils pu concevoir un tel plan, sans certitude de savoir où Becker se garerait ? Comment Alix Verbruggen, aurait-il pu accepter de se situer à à peine 2 mètres de Nico Becker alors que Gaëtan Legros comptait l’abattre à une distance de presque 50 mètres ?”
Me Bouchat termine : “Alix Verbruggen n’était pas animé de l’intention de donner la mort, il n’était pas conscient de ce qui allait se passer. Il n’avait pas la volonté de s’associer à la commission de l’homicide.”
Les accusés ont eu la parole en dernier. Gaëtan Legros a déclaré : “Je suis ici pour que la vérité soit faite. J’exprime mes regrets et je présente mes excuses à la famille de la victime”. Alix Verbruggen a conclu de la sorte : “Je suis un gentil, je n’ai fait de mal à personne, je ne sais pas comment je me suis retrouvé ici.”
Les jurés sont entrés en délibération au sujet de la culpabilité des accusés sur le coup de 15 h 30.